Qu'est-ce que Le DAO YIN ?


« Souffler et respirer, expirer et inspirer, rejeter l’air usé et en absorber du frais, s’étirer à la manière de l’ours ou de l’oiseau qui déploie ses ailes, tout cela ne vise qu’à la longévité. C’est ce qui est prisé de l’adepte qui s’efforce de guider et induire l’énergie de l’homme qui veut nourrir son corps, ou de celui qui espère vivre aussi vieux que Peng Zu.»
Zhuangzi Ch.15
(Cité dans la Pensée chinoise, Anne Cheng)

On sait que Confucius a su mettre en avant dans ses préceptes l’humanisme et l’organisation sociale ; mais Zhuangzi, lui, parle de communion intime avec le Dao en imitant la Nature et toujours dans un extrême détachement. Comme un miroir, l’homme devient transparent mais si présent à l’instant qu’il vit, le cœur vide et rempli par le reflet de l’ordre cosmique. Il est soumis ainsi à une rythmicité qui lui échappe complètement. Le Dao Yin est un moyen, une pratique corporelle qui favorisent cet échange subtil entre la Nature et l’Homme, et on le trouve clairement mentionné dans l’œuvre de Zhuangzi ; également dans les grands traités du Huai nan zi.
L’origine du Dao Yin date du VIIIème siècle av JC, Epoque «des printemps et des automnes»; ses racines sont bien issues de pratiques Taoïstes fang shu, il devient ensuite une méthode pour maintenir et entretenir la vie yang sheng.

En 1972, une importante découverte archéologique dans la province de Hunan, au lieu-dit Ma Wang Dui, ancien Royaume du pays de Chu ; va révéler au monde un témoignage de la richesse culturelle chinoise et de son génie. Une multitude d’objets profanes et sacrés datant du début de la Dynastie Han (206 av JC - 220 ap JC) furent tirés de l’ombre vers la lumière, ils proviennent successivement de 3 tombes. La première est une sépulture de la Marquise de Dai, Xin Zhui; la seconde du Marquis de Dai, Li Cang ; et la dernière probablement leur fils, mort prématurément à une trentaine d’années.
C’est de cette tombe que l’on a découvert sur un rouleau de soie, des peintures colorées ; à la fois expressives et délicates, elles illustrent 44 mouvements de Dao Yin. Comme nous l’avait indiqué Zhuangzi, il s’agit de séquences de mouvements qui imitent certains animaux.

C’est plus tardivement que l’on trouve des associations et citations directes avec la médecine chinoise. Comme par exemple le médecin Hua Tuo (110 - 207) et son « wuqin xi tu ». Le « jeu des cinq animaux » correspond à un répertoire de mouvements précis, il nous indique que le Dao Yin rejoint tout comme l’acupuncture et la pharmacopée, la science médicale. C’est une pratique préventive et curative qui fait l’objet de prescriptions. Hua Tuo est très célèbre en Chine, il a sa place dans le Panthéon des divinités; il excelle dans les interventions chirurgicales, spécialiste des anesthésies, créateur de nombreuses formules en pharmacopée, il participe également au progrès de l’acupuncture. Depuis lors, le Dao Yin devient très connu et couramment pratiqué dans le milieu lettré et Taoïste pendant l’époque des Jin (265 – 420) et des 6 Dynasties (420 – 581).

Du VIème au Xème siècle dans les textes poétiques et différentes écoles Taoïstes, on trouve de nombreuses citations et références sur la pratique du Dao Yin.
C’est au XIIème siècle que l’on trouve les premières illustrations des « 8 Brocarts » et un ensemble de 24 mouvements correspondants aux 24 périodes de l’année : « Dessins de la Pureté suprême sur l’accumulation ou la dispersion de l’eau et du feu selon les 24 souffles », ils font partie du « Miroir de la protection de la vie », Baosheng xinjian.

C’est encore chez Sun Simiao (581 – 682) dans le Qian jin yiao fang (Coffret de prescriptions majeures valant mille onces d’or) qu’il est indiqué de s’exercer aux séquences de Dao Yin mais de façon associée au massage.
De même que dans le premier livre de médecine traditionnelle chinoise le Huangdi nei jing, le Dao yin est cité pour soigner diverses maladies, xing qi, dans le but de faire circuler l’énergie ; et insiste sur le fait que c’est une bonne méthode pour la prévention et la guérison.

La méthode du Dr ZHU Miansheng, Zang qi fa shi gong s’inspire avec respect de ces anciens textes, praticiens et Maîtres.
Harmoniser le corps avec son environnement, le mettre en résonnance énergétique avec le rythme des saisons est la base de Zang qi fa shi gong ; la méthode respecte cette tradition. A chaque saison correspond un son, une couleur, une méditation, une marche, un automassage et une séquence de mouvements spécifiques. Grâce à la pratique de cette méthode nous pouvons développer notre capacité de prévention, d’auto-guérison, et trouver un profond équilibre physique et psychique.

Qu’est-ce que le Dao Yin ?
Dao Yin veut dire guider, conduire, accompagner la circulation de l’énergie Qi, dans un esprit calme, une respiration soutenue et légère. Le corps est mobilisé dans sa globalité, dans son unité avec une fine conscience de soi. Chaque geste est fluide et est conçu comme un automassage favorisant ainsi la libre circulation énergétique des « souffles internes ».

Comme l’eau pure qui coule ou le nuage au gré du vent, le mouvement suit son cours et franchit parfois l’indescriptible trajet de la grâce. Comme l’ondulation d’une simple danse, une joie intérieure émerge et nous propulse ainsi dans le cycle de la Vie.

Particularité et originalité de cette méthode :
L’homme relié à la Nature vit entre le Ciel et la Terre ; il répond par conséquent à une loi immuable qui le relie au Temps et à l’Espace. Les constellations se déplacent, tournent et modifient l’ordre des choses. Ces mouvements créent et amènent le déroulement des saisons qui influencent ainsi le cycle des différents organes/entrailles du corps humain. Les organes sont donc sensibles à ces changements successifs, également les méridiens, supports du mouvement du Qi et du sang. C’est pourquoi on doit leur accorder une vigilance toute particulière.

Comment entrer en résonnance et en harmonie avec ces changements cosmiques ?
Le mouvement du corps, la pratique de Dao Yin.

De quelle façon ?
La méthode comporte 4 parties distinctes :

1 - Méditation (assise ou debout).
Avec un axe bien vertical trouver une stabilité du corps ; la respiration est profonde fine et régulière; la concentration va au Dantian; ainsi l’esprit est calme et clair comme la pleine lune.
Avec un regard intérieur, cueillir la lumière de la saison et prononcer le son correspondant.
2 - Automassage
Dégager le trajet de l’énergie des méridiens, masser plusieurs zones ou points du corps, favoriser la circulation du sang et du Qi en liaison aux organes/entrailles.
3 - Avancer consciemment par une marche.
Marcher paisiblement et cueillir l’énergie de la saison.
4 - Une séquence de mouvements qui imite un animal mythique.
Pratique d’un enchaînement en 6 parties.
5 animaux : Tigre blanc, Tortue Noire, Dragon vert, Oiseau rouge, Phénix d’or.

Jean-Christophe Terol


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